POÈMES :

 

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DIX-SEPT ANS

Bon anniversaire Matthieu

 

Comme on n’est pas sérieux

Quand on a dix-sept ans

Dit l’Arthur amoureux

Qui parlait de son temps

 

Il faisait foin des bocks

Et de la limonade

Tandis qu’à notre époque

On préfère d’autres rasades

 

Les tilleuls sentaient bon

Dans les bons soirs de juin

Je souhaite que sentent bon

Dans ces soirs tous les tiens

 

Passa une demoiselle

Aux petits airs charmants

Et si une jouvencelle

T’y choyait tout autant

 

Peut-être que tu me trouves

Immensément naïf

A moins que tu ne couves

Ce sentiment si vif

 

Il était amoureux

Loué jusqu’au mois d’août

Sois donc comme lui heureux

Et découvre ta bonne route

 

Ah qu’on n’est pas sérieux

Quand on a dix-sept ans

Surtout avec un vieux

Qui ne l’est pas souvent

 

10/12/06

 

 

           Auguste RENOIR, Le moulin de la galette, 1876, Musée d'Orsay à Paris

 

                                   

                                       I
 
On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.
- Un beau soir, foin des bocks et de la limonade,
Des cafés tapageurs aux lustres éclatants !
- On va sous les tilleuls verts de la promenade.
 
Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin !
L'air est parfois si doux, qu'on ferme la paupière ;
Le vent chargé de bruits, - la ville n'est pas loin, -
A des parfums de vigne et des parfums de bière...
 
 
                                     II
 
- Voilà qu'on aperçoit un tout petit chiffon
D'azur sombre, encadré d'une petite branche,
Piqué d'une mauvaise étoile, qui se fond
Avec de doux frissons, petite et toute blanche...
 
Nuit de juin ! Dix-sept ans ! - On se laisse griser.
La sève est du champagne et vous monte à la tête...
On divague ; on se sent aux lèvres un baiser
Qui palpite là, comme une petite bête...
 
                                    III
 
Le coeur fou Robinsonne à travers les romans,
- Lorsque, dans la clarté d'un pâle réverbère,
Passe une demoiselle aux petits airs charmants,
Sous l'ombre du faux-col effrayant de son père...
 
Et, comme elle vous trouve immensément naïf,
Tout en faisant trotter ses petites bottines,
Elle se tourne, alerte et d'un mouvement vif...
- Sur vos lèvres alors meurent les cavatines...
 
                                     IV
 
Vous êtes amoureux. Loué jusqu'au mois d'août.
Vous êtes amoureux. - Vos sonnets La font rire.
Tous vos amis s'en vont, vous êtes mauvais goût.
- Puis l'adorée, un soir, a daigné vous écrire...!
 
- Ce soir-là,... - vous rentrez aux cafés éclatants,
Vous demandez des bocks ou de la limonade...
- On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans
Et qu'on a des tilleuls verts sur la promenade.

 

Arthur Rimbaud

29/09/1870

                                 

 

 

 

 

 

 

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